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Esclavagisme musical…!
Je crois avoir trouvé la bonne solution,
J’ai pris un jardinier pour bêcher mes sillons ;
C’est un garçon discret, honnête et travailleur,
Il se nomme « Sidney » et dit venir d’ailleurs.
Je trouve alors le temps, au moment de la sieste,
De sortir l’instrument dont je joue mal du reste ;
A l’ombre d’un sapin, chaque jour je m’assieds,
Ainsi, tous mes voisins peuvent en profiter.
Mais voici que lundi l’un d’entre eux - le plus proche -,
A frappé à mon huis pour me sonner les cloches ;
Il trouvait indécent que pendant que je jouais,
Le front dégoulinant, l'ami Sidney bêchait…
KERFON LE CELTE
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Ode aux vers à pieds…
Pour écrire des vers, tu comptes sur tes doigts,
Dans deux mains, sauf impair, dix pieds s’offrent à toi,
Ecris sans te presser, ne brusque pas les mots,
Tu as « l’Éternité »… selon Arthur Rimbaud…
Entre la rime riche et sa sœur sans écho,
Tu te coules un pastiche à la façon Hugo ;
« Il faut de la musique » affirme Paul Verlaine :
Ton choix sera drastique ou bien c'est « morne plaine ».
Surtout fais attention aux lettres élidées,
Au « E » avec un son et son frère oublié,
Il te faut accepter l’implacable césure
Qui accroche les pieds de ceux qui n’en ont cure…
Pour compter, sans faillir, le bel alexandrin,
Tu gardes en souvenir qu’il te faudra trois mains ;
Chez certains, purs masos visant l’épreuve reine,
Les douze pieds égaux sont treize à la douzaine.
Tu vois, finalement, ce n’est pas compliqué,
Tout se fait calmement… sans agressivité,
Recompte sur tes doigts à chaque fin de strophe,
Un seul vers de guingois est une catastrophe…
En cent mille quatrains tu auras tout compris,
Mais c’est un long chemin d’où un risque d’ennui ;
Si, par tes écrits vains, il te vient la névrose,
Comme Monsieur Jourdain remets-toi à la prose…
KERFON LE CELTE
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Les foudres de Dieu… !
"""On ne corrige pas celui qu'on pend, on corrige les autres par lui..."""
(Michel de Montaigne.)
Ce récit est une œuvre de pure fiction.
Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles
ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Au collège "Jean Bouin", en classe de cinquième,
Benjamin ne fait rien sauf cultiver sa flemme ;
Lorsque tout va très bien c’est le zéro pointé
Et quand tout est chagrin il se fait expulser.
« - J’te préviens, Benjamin, hurle son paternel,
Je veux, avant fin juin, voir jaillir l’étincelle,
Sinon, c’est tout bénef, je suis catégorique :
Direction Saint-Joseph, l’école catholique… »
Pourtant, rien ne fait rien, Benjamin est buté :
« - Des profs et les bouquins j’en ai rien à cirer ! »,
Alors il est inscrit à l’école susdite
Où, en plus de l'hostie, il pleut de l'eau bénite…
Un changement profond, les premiers jours, s’opère.
Benjamin devient bon dans toutes les matières,
Le père, resté coi, interroge son fils
Pour savoir le pourquoi d'un si grand bénéfice.
« - Dans cette école-ci, on ne rigole pas !
Les mauvais sont punis aux normes d'autrefois !
Y’en a un, dans l’église, agitateur je crois,
Qui, pour une bêtise, est cloué sur la croix. »
KERFON LE CELTE
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L’émigré…
Tel un humble émigré j’ai quitté mon paysMuni de mes papiers et de ma Ferrari ;
Le coeur indécis, mal, j’ai fui l'aire natale :
Au bouclier fiscal j’ai préféré la malle...
A dates programmées je redescends sur terre
Pour jouer, pour chanter et mener mes affaires,
Mais soyez rassurés, les euros, le liquide
Finissent par migrer à l'adresse d'un RIB .
Il m’arrive parfois de passer la frontière
Pour aider - de la voix - des gens dans la misère ;
Devant quelques médias et un flot de nigauds
Je hurle qu’il n’y a qu’à augmenter vos impôts…
Tel un humble émigré j'ai quitté mon pays
Muni de mes papiers et de ma Ferrari ;
Si vous avez l’envie et un gros portefeuille
Vite ! Fuyez Bercy... la Suisse vous accueille…
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Le dormeur Duval
(à la façon Kerfon)
C'est un coin de luxure où chantent des chimères,
Accrochant follement à un pécher mignon
Les gens ; où le pastis, de la Provence fière,
Nuit : c'est un lieu fatal pour accros du glaçon.
Un soiffard, jeune, bouche ouverte, l’œil perdu,Les dents du fond baignant dans l’anis sirupeux,
Dort ; il est étendu et gerbe ses abus,
Pâle, loin de ce verre où l'anisette pleut.L'âme face à l'écueil, il dort. Eructant comme
Empli par trop de limonade, il fait un somme :
Coma, berce-le doucement : il se noie.
Les vapeurs ne font plus frissonner sa babine ;
Dans un profond sommeil, il chute vers l'abîme,
Débile. S’il s’en sort, il aura mal au foie.KERFON LE CELTE
Pardon Arthur...
A consommer avec mode et ration...
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Rien ne va plus,
les oeufs sont frais…
La rumeur n’est point tendre au sein du poulailler,
Un fort relent d’esclandre anime la veillée,
L’une des poules chante à la gloire d’un œuf
Lors, ses sœurs sous-entendent un binz gros comme un bœuf…
La poulette aux os verts, bien que nommée « Bio »,
Pour un souci d’ovaires est promise au billot,
Elle ne doit la vie – selon une pondeuse -,
Qu’au besoin de grisbi d’une mère porteuse…
Dans la communauté les belles se torturent,
Doivent-elles en parler à la magistrature ?
Le banco à bancs coqs vaut son chemin de l’oie
Quand on sait que le Proc (*) en un dé d’eau se noie…
On en vient au procès, l’œuf est mis sur le plat,
Jugé un peu mollet, il ne se défend pas,
« Inscrivez, cher greffier ! » braira le magistrat :
« Le reclus doit aller vivre en orphelinat… »
Quand une poule chante à la gloire d’un œuf,
C’est que la vie l’enchante à l’idée du sang neuf ;
Il vaudrait mieux parfois, pour contrer l’aveuglette,
Faire taire la loi et sa faim d’omelette…
(*) = lire procureur...
KERFON LE CELTE
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La complainte du sans papier…
Je suis seul, sans papier, je ne sais plus que faire,
En cet endroit, cloîtré, je n’ai que la prière,
Pas l’ombre d’un passant pour croiser ma lumière :
Ce monde, indifférent, se fout de ma galère.
Je suis seul, sans papier, et pourtant j’aimerais
Qu’un de ces policiers découvre mon secret ;
Voici venir la nuit et ses rondes légères :
Rares sont les képis près de ma souricière.
Je suis seul, sans papier, le froid devient piquant,
Il me faudrait oser mais je suis hésitant,
J’aimerais me lever, m’en aller en courant,
Le risque est élevé, je dois rester prudent.
Je suis seul, sans papier, je voudrais prendre l’air,
J’ai beau m’égosiller, nul n’entend ma prière ;
Je n’ai plus qu’à pleurer, ma faute reste entière :
J’aurais dû vérifier en ouvrant le water… !
KERFON LE CELTE
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Le greffon....
J’ai appris, ce matin, en ouvrant mon canard,
Un truc qui pourrait bien n’être qu’un canular :
D’ici trois ou quatre ans, c’est à dire bientôt,
Le professeur Durand greffera les cerveaux.
Intrigué je me dis en potentiel client
Qu’à cette loterie il faut être prudent ;
Coup d’œil autour de moi, souvenirs que je fuis,
Je sens déjà l’effroi de greffons bien précis…
Pour me donner confiance il me faudrait, je crois,
Pouvoir choisir d'avance l'organe qui m’échoit ;
C’est hélas impossible, au marché d’occasion
Il n’y a pas de cibles par anticipation…
Aimeriez-vous, demain, entourés d’infirmières,
Vous réveiller soudain le crâne plein de vers ?
Voilà campée l’histoire et voici la question :
Pourriez-vous recevoir le greffon de " Kerfon " ?
(Pardon à la science)
KERFON LE CELTE
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